Second festival au CMK du Mans

Bonjour à tous,

Cet article a un titre étrange, car je ne vous ai jamais parlé d'un premier festival. En effet, celui-ci s'est déroulé en octobre 2013 au Portugal, à Cascaïs, et fut pour moi merveilleux en ce qui concernent les enseignements qui étaient cependant surtout réservés aux initiés (il y a eu des enseignements sur le tantra, et à l'époque, je n'ai pratiquement pas compris ce que disait Vénérable Geshé La, mais j'ai écouté pour m'imprégner de ses paroles)

Ce premier festival date de plus d'un an, et je dois avouer qu'il faudrait que je réécoute les enregistrements pour pouvoir vous en reparler plus longuement.

Les 5, 6 et 7 décembre, je suis retourné au CMK (Centre de Méditation Kadampa) du Mans pour écouter les enseignements de Guen La Dekyong.

Guen-la-DekyongA l'instar des autres enseignants bouddhistes dont j'ai reçu des enseignements, Guen La Dekyong a beaucoup d'humour, d'amour, de tendresse et de compassion en elle.

Elle nous a parlé d'un certain nombre de principes du bouddhisme, notamment les huits versets de l'entraînement de l'esprit.

Ces huits versets ont été écrits par Géshé Langri Thangpa (1054-1123) et nous expliquent comment tendre vers le bonheur durable, celui qui ne dépend pas des conditions extérieures.

La version qui suit n'est pas exactement celle de la tradition Kadampa, mais ce texte a été traduit et retraduit et on en trouve toute sorte de version sur internet. Cependant, elles respectent toute le message à transmettre.

 

Déterminé à atteindre les réalisations suprêmes
Pour tous les êtres, plus précieux que
Le joyau qui exauce les souhaits,
Je les chérirai à chaque instant.

Où que j'aille et quel que soit mon entourage,
Je me considérerai comme moins important que tous,
Et estimerai les autres comme suprêmes,
Du plus profond de mon coeur.

Dans toutes mes actions, j'observerai mon esprit;
Dès que s'élèvera une émotion perturbatrice *
Néfaste à moi-même et à autrui,
Je l'affronterai et la combattrai avec force.

Quand je vois des êtres d'un naturel méchant,
Un proie aux erreurs et à de violentes souffrances,
Je chérirai ces êtres comme
Un trésor précieux, si difficile à trouver.

Si d'autres, par jalousie, me maltraitent,
M'insultent, me blessent et me font du tort,
J'accepterai la défaite
Et leur offrirai la victoire.

Lorsque celui à qui j'ai fait du bien,
En lequel je place beaucoup d'espoir
Me blesse cruellement et me fait du mal,
Je reconnaîtrai en lui mon précieux Maître Spirituel.

Ainsi, j'offrirai directement et indirectement
Tout bienfait et tout bonheur à tous les êtres,
Mes mères, et prendrai secrètement sur moi
Tous leurs malheurs et toutes leur souffrances.

Puissent toutes ces pratiques rester non souillées
Par les concepts erronés des huit comportements mondains,**
Percevant tous les phénomènes comme illusoires,
Je pratiquerai sans attachement pour libérer
de l'asservissement des émotions perturbatrices
et du karma, moi-même et tous les êtres.


* Ignorance,attachement,colère,jalousie,orgueil,paresse,etc.

**
Apprécier le plaisir et souffrir du malheur
Apprécier le gain et souffrir de la perte
Apprécier une bonne réputation et souffrir du mépris
Apprécier les éloges et souffrir des critiques

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Le jardin zen du centre

Voici mon explication personnelle de ces versets, ou en tout cas une aide pour les comprendre:

* verset 1: le joyau qui exauce les souhaits. C'est une pratique de notre tradition, mais d'autres la pratiquent également. Le joyau qui exauce les souhaits comprend deux pratiques : la première est une manière spéciale de s’en remettre à un guide spirituel au cours de laquelle nous visualisons notre guide spirituel sous l’aspect de Djé Tsongkhapa. Ce faisant, nous purifions nos négativités, accumulons du mérite et recevons des bénédictions. Ainsi, nous accomplirons naturellement toutes les réalisations des étapes du soutra et du tantra. La deuxième pratique est une méthode pour s’en remettre au protecteur du Dharma Dordjé Shougdèn grâce à laquelle nous pouvons surmonter les obstacles à notre pratique.

* verset 2: se considérer comme inférieur aux autres. Dans le bouddhisme, on nous explique que nous avons tous la même valeur mais qu'il faut avant tout se préoccuper des autres avant de se préoccuper de soi, car cela nous apportera infiniment plus de bonheur que de penser à son seul bonheur égocentrique. Ainsi, si quelqu'un a besoin de quelque chose, mais nous également, lui permettre d'accéder à cette chose nous procurera plus de bonheur que de la prendre en se considérant comme plus important. De même, dans une relation amoureuse, si on considère que les besoins de l'autre sont moins importants que les nôtres, nous n'allons jamais chercher à le comprendre et ferons toujours passer nos désirs avant les siens, ce qui ne procurera pas de bonheur à long terme.

* verset 3: le continuum mental est l'esprit qui passe de vie en vie, qui a toujours été, est, et sera toujours.

* verset 4: rencontrer ces personnes peut nous permettre de les aider, d'éprouver de la compassion, de diminuer notre préoccupation de soi.

* verset 5: saint guide spirituel. Il ne s'agit pas d'une personne que l'on va suivre, mais de quelqu'un qui va nous faire travailler notre patience, notre compassion, l'abaissement du pouvoir de notre égo, affaiblir notre préoccupation de soi, affaiblir notre désir de toujours vouloir avoir raison par orgueil.

* verset 6: parfois, quand, malgré la plus grande bienveillance, le dialogue semble impossible et que la personne veut nous "écraser", avoir le dessus sur nous, puissions-nous ne pas choisir le conflit et lui offrir la victoire.

* verset 7: développement de la compassion, diminution de la préoccupation de soi, de la saisie d'un soi (croyance que nous existons intrinsèquement séparé des autres et n'ayant aucun lien avec eux alors que les bouddhistes pensent que nous croyons illusoirement être séparés mais que nous sommes en réalité tous reliés à un certain niveau que nous ne comprenons pas)

* verset 8: les huits extrêmes: http://www.amitabha-terre-pure.net/bb20.html

Vie de Géshé Kelsang Gyatso, à l'origine de la nouvelle tradition Kadampa

Vie de Géshé Kelsang Gyatso, à l'origine de la nouvelle tradition Kadampa

 J'ai trouvé cette explication des huit extrêmes sur internet, que je trouve très parlante:

Quand nous avons une pensée, une parole ou effectuons une action, observons la motivation qui les sous-tend, si elle est lié (et c'est souvent le cas) à un de ses 8 dharma mondains, alors nous entretenons notre samsara.

Nous recherchons ou souhaitons des possessions, pensons que nous serons plus heureux avec.
Quand nous avons des possessions, nous ne voulons pas les perdre et entretenons des pensées, paroles et actions afin de les protéger, nous nous y attachons et souffrons si nous les perdons.
Nous sommes préoccupé par notre propre bonheur, et rejetons la souffrance, pris dans l'adoption et le rejet sur cette base, nous négligeons ce que nous avons déjà, et sommes de fait continuellement insatisfaits.
Comme nous nous estimons, ou au contraire nous sous-estimons, nous apprécions, voir recherchons les louanges, la reconnaissance, et n'apprécions pas, rejetons les critiques.
Nous apprécions la célébrité, la reconnaissance de la société, de notre entourage a notre égard, par exemple par nos bonnes actions, apprécions qu'on sache, reconnaisse notre bonté, ou notre noblesse d'esprit... Au contraire, nous n'aimons pas que toute notre activité, que notre personne reste dans l'anonymat, que l'on ne nous reconnaisse pas.

A cause et par ces huit préoccupations mondaines, nous entretenons notre égocentrisme, notre "moi je", qui prend de l'importance, nous entretenons en même temps l'insatisfaction, et gaspillons notre existence humaine.

Prendre garde à abandonner ces huit préoccupations mondaines et réfléchir sur notre précieuse existence humaine, est une pratique qui nous détournera du samsara.

 

Lignée Kadampa

Lignée Kadampa

Et voici les principaux enseignements que j'en ai retenus:

- une condition extérieure agréable n'est pas source de bonheur, c'est une réduction de souffrance. Pourquoi? Car elle est impermanente, et également que si on en abuse, elle deviendra négative pour nous: la nourriture, le sport, le sexe, l'argent, un travail, un/une compagne... Si ces conditions extérieures étaient source de bonheur, plus nous mangerions, ou plus nous ferions du sport, aurions des rapports sexuels, de l'argent, plus nous travaillerions, plus nous passerions de temps avec notre compagnon/compagne, et plus nous serions heureux. Mais arrive le moment où l'excès nous fait souffrir et l'objet désirant devient alors repoussant. Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas apprécier tout ce qui est extérieur à nous et qui nous fait du bien, mais bien veiller à considérer que ce sont des conditions extérieures qui ne dureront qu'un temps (même si ce temps peut être 50 ans) et qui ne peuvent que nous apaiser temporairement, mais qu'ils ne sont pas une source de bonheur durable. Parfois, les gens comprennent qu'il faut alors vivre en ayant peu de moyens, seul, accepter le travail que l'on a sans jamais chercher une meilleure opportunité. Encore une fois, ce n'est pas le message du Bouddha qui nous dit que ce serait alors de l'indifférence, du détachement. Qu'il faut apprécier ces choses mais y être non attaché.

- chérir les autres, peu importe leur comportement, sera toujours une source de bonheur, peu importe qu'on le montre par des gestes. Ca peut être se réjouir que les gens dans les transports aient de quoi s'acheter un livre, un téléphone, des vêtements, qu'ils puissent prendre le chemin vers le travail et qu'ils aient donc un travail. Egalement, si quelqu'un que nous apprécions, ou que nous n'apprécions pas, obtient quelque chose que nous désirions, être heureux pour lui tout en sachant que si nous devons obtenir également cette chose, cela se produira au moment opportun et nous ne devons pas nous montrer jaloux. Nous pouvons également sourire à des inconnus, à des personnes de notre entourage. Nous pouvons être heureux des travaux que nous faisons dans notre maison car ils profiteront à la personne qui y vivra un jour. Nous pouvons être soulagés lorsqu'une voiture nous éclabousse qu'elle n'ait pas tâchée les vêtements de la personne à nos côtés.

- toute personne, indépendamment de ses pensées et de ses actions, est une bonne personne. C'est son essence, ce qu'elle est. Son esprit, sous l'influence des perturbations mentales (colère, attachement, ignorance de la saisie d'un soi) lui fait faire des choses qui ne sont pas "bien", mais ça ne définit pas qui elle est. Pour moi, c'est un peu le principe des chrétiens qui disent que l'âme est pure mais que l'esprit peut être corrompu. Que l'esprit peut être en conflit avec son âme qui serait une expression de Dieu. Ainsi, comprenant cela, quand une personne en attaque une autre verbalement, ou se moque d'une personne, la juge (que cette personne soit un parfait inconnu pour nous, quelqu'un de proche ou nous-mêmes), puissions-nous avoir de la compassion pour elle car nous savons qu'elle plante alors des graines de souffrance futures et s'expose à être un jour traitée comme elle l'a fait avec autrui. Puissions-nous comprendre que son esprit perturbé ne lui permet pas de comprendre qu'elle cause du tort et tentons de l'aider, sans jugement, dans la limite où elle accepte notre aide. Ce peut être simplement un regard de compréhension mais pas forcément des paroles.

- apprendre à se préoccuper des autres, à penser à eux avant de penser à nous et de nous préoccuper de nous-même nous apportera infiniment plus de bonheur que de penser uniquement à nous-mêmes. Certains pensent alors que le bouddhisme conduit à l'oubli de soi-même. En fait, en développant ces qualités, nous nous aidons nous-mêmes à être plus heureux, davantage connectés aux autres, et notre place se fait naturellement, alors qu'en cherchant à toujours satisfaire nos propres désirs en priorités, nous nous coupons des autres. On peut se préoccuper des autres en leur laissant une place qu'ils voulaient et que nous désirions également.