J'ai vu une sophrologue trois fois ces dernières semaines, et cela m'a fait énormément de bien car elle m'a parlé à plusieurs reprises du plaisir, notion qui n'est pas vue positivement dans le bouddhisme. Mais, après avoir eu ces séances, je comprends que j'avais mal compris cette notion.
Dans le bouddhisme, la recherche du plaisir est un souci si on considère que c'est la source du bonheur. Le plaisir étant la plupart du temps extérieur à nous-même, on recherche à rejeter la souffrance par le plaisir dans les conditions extérieures, et on se perd dedans. On est frustré si on ne peut en avoir assez, on s'en lasse quand on en a trop... Mais comme le dit Mathieu Ricard, "ça ne veut pas dire renoncer à la glace à la framboise ;-)"
Le tout est de ne pas se perdre dans la recherche constante de plaisir, ce qui mène à la frustration, à la fatigue, et à un sentiment de vide.
Les clefs que m'a données cette sophrologue sont les suivantes:
- je me connecte à ce que je ressens (sans chercher de technique pour ne plus ressentir ça)
- Je ne recherche pas forcément pourquoi je me sens comme ça. De quoi ai-je besoin (et qui ne dépende que de moi?): la sécurité, le partage, le sentiment d'utilité, la nature, la reconnaissance, le lâcher prise, le calme, le réconfort, l'affection, le plaisir
- Passer à l'action par une réponse quotidienne
Nous avons travaillé sur des exercices de contraction/détente pour apprendre à vivre les émotions, à la laisser monter en soi pour se laisser traverser par elles.
L'un des exercices était d'être allongé, détendu, de poser une main au dessus du nombril, une main au dessous. Je devais alors imaginer ce qui me pesait sous forme de sacs, de pierres, ou de ballons, peu importe.
Ensuite, je devais retenir ma respiration, contracter tout mon corps, jusqu'aux mollets, en serrant les poings et en pensant à tout ce qui éveillait en moi colère, tristesse ou peur. Et, au bout de trente secondes, imaginer mentalement cette pierre, ce sac poubelle tomber (ou ces ballons s'envoler) en relâchant tout. Nous avons fait trois fois cet exercice.
A la fin de la première séance, elle m'a donné un exercice à faire qui m'a été extrêmement utile pour la confiance en soi et la reconnaissance.
Elle m'a demandé d'écrire 10 choses que je savais faire (ça peut être un savoir-faire ou un savoir-être) et de les rattacher à un événement très précis (si possible avec une date, des prénoms) pour que leur mémoire soit ancrée en moi. Elle m'a dit que je n'étais pas obligé de savoir toujours faire ces choses de manière parfaite, mais que ce n'était pas grave.
Lors d'une autre séance, nous avons parlé du jugement négatif que l'on porte sur soi, sur ces fameuses phrases que l'on se dit:"sois parfait, sois fort, fais vite", etc.
Elle m'a demandé ce qui m'apportait du plaisir, mais qui ne dépendait que de moi. Et ce fut compliqué. Compliqué car j'ai découvert que je ne me laissais pas la place au plaisir. A part le sport le soir et un peu de guitare, je suis toujours dans le "devoir". Il a fallu un moment avant que ne me viennent à l'esprit des choses comme le chant, apprendre de nouvelles choses, pratiquer le reiki, parler à des amis, repenser à des choses drôles.
Elle m'a dit que le plaisir devait être présent au quotidien.
"Si je ne m'autorise pas à me faire plaisir, c'est que je manque de confiance" <=> "je suis toujours dans l'action".
Nous avons travaillé des affirmations importantes comme "je n'ai rien à faire pour être aimé".
Elle a insisté sur le fait que si j'aime faire des choses que je trouve amusantes mais qui semblent inutiles, je ne devais pas être dans le jugement de moi-même et les faire quand même si elles me plaisent (ça peut être n'importe quoi, des croquis, de la pâte à modeler, etc).
Et est venu alors le moment où l'on a travaillé sur le don: le don aux autres, le don à soi. Elle me disait que si l'on ne s'accorde pas assez de place, pas assez tout court, c'est comme une pyramide de coupes de champagne. Si la première ne déborde pas, les autres ne peuvent être remplie. Si l'on ne se remplit pas soi-même, on ne peut être disponible pour les autres.
Apprendre à rire de soi fut un exercice intéressant. Par exemple, alors que l'on est stressé, s'imaginer sous forme de fruit géant en train d'essayer de faire quelque chose. Ca destresse, ça peut déclencher un fou rire si on est stressé, et on fait au final mieux les choses.
Le souci, c'est que nous avons, la plupart du temps, une image du sérieux qui est erronée: nous pensons souvent qu'une personne sérieuse est rigide, ne rit pas, n'est pas détendue. Et elle m'a alors demandé de trouver des modèles de personnes compétences, sérieuses, mais détendues, pour m'inspirer d'elles. J'ai pensé à mon enseignant reiki, mon professeur de guitare, mon enseignant de mathématiques de Terminales, cette merveilleuse enseignante de chant à l'IUFM, le moine que j'ai eu comme enseignant pendant presque un an (Tonpa)... Plus je pensais à eux, plus je souriais. Ils étaient si drôles et détendus, et en même temps nous apprenions si bien!
Lors de la troisième séance, nous avons fait un travail de reconnexion à soi: poser la main sur son coeur, se dire que l'on est important, que l'on s'aime, que l'on est écouté.
Elle m'a fait me connecter à l'enfant qui était écouté pour répondre à mes besoins de:
- reconnaissance / acceptation
- trouver ma placer / me faire de la place
- écoute / disponibilité
Elle m'a dit qu'en s'apportant de la place, on a envie de faire sentir à l'autre qu'il est important et qu'on l'écoute.
Elle m'a aussi dit qu'il fallait apprendre à donner pour le plaisir de donner. Que s'il n'y a pas de plaisir à donner, que ce soit du temps, de la parole, ou autre, c'est qu'il faut apprendre à se donner plus à soi-même, qu'on ne s'est pas donné assez.
Elle m'a aussi dit que l'on apprenait à faire attention à l'autre par une énergie d'amour, pas pour se faire aimer/accepter. Mais qu'il fallait s'écouter avant.
Ce fut extrêmement enrichissant car j'ai eu, pendant longtemps, du mal à faire des choses pour moi: me faire des soins reiki, me donner de l'espace, apprendre à dire non. Je me suis bien amélioré cette dernière année sur ce point, mais ces séances de sophrologie m'ont montré qu'il y avait encore du travail pour m'accorder plus de place, afin d'en donner aussi davantage aux autres (ce qui est donc complètement compatible avec les belles valeurs du bouddhisme).
Donc apprendre à prendre soin de soi, à s'accorder du temps, afin d'être plus disponible ensuite pour les autres. Tout en ne confondant pas le plaisir avec le bonheur, il reste indispensable dans notre vie pour être épanoui.