Les voeux de la Pratimoksha

Lors de ma dernière retraite, qui ne s'est pas bien passée car mon ex-amie était présente et que cela m'a perturbé (mais je sais que j'aurais pu vivre l'événement différemment), j'ai décidé de prendre les voeux de la Pratimoksha. Je n'en avais jamais entendu parler, et ai découvert qu'il s'agissait de la version laïque des cinq premiers voeux qu'un moine prononce lorsqu'il se fait ordonner. Le voeu qui change est le cinquième.

« Pratimoksha » signifie « libération personnelle ». Un vœu de la pratimoksha est de ce fait un vœu qui est motivé principalement par le désir d’atteindre la libération personnelle de toutes souffrances.
En prenant ces vœux le plus souvent possible nous apprenons à contrôler notre esprit en abandonnant graduellement toutes actions négatives. Lorsque notre esprit sera libéré de toutes ses négativités, il fera l’expérience d’un bonheur permanent.

Voici ces voeux:

  • Ne pas tuer (cela implique tout être vivant)
  • Ne pas voler (les téléchargements en font partie)
  • Ne pas mentir (mais éviter de blesser)
  • Ne pas prendre d'intoxicants (alcool ou drogue)
  • Ne pas avoir de méconduite sexuelle

Le but de ces voeux est de diminuer l'auto préoccupation de soi, qui est l'une des principales causes de souffrance dans notre vie.

J'ai fait l'erreur d'en parler (à moins que ça ne soit pas une erreur) car je désirais partager cette évolution spirituelle dans ma vie. Mais les réactions que j'ai eues furent que je m'enfermais dans quelque chose, que je suivais un dogme.

Pour rappel, un dogme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse. A ce jour, il n'en existe aucun dans le bouddhisme.

Personnellement, je ne peux être d'accord avec le fait de dire que je "m'enferme" dans quelque chose. Je ne peux l'être car ces engagements, pris à titre personnel, n'ont pas à être pris si on sent que ce n'est pas notre voie, et c'est à mon sens quelque chose qui libère plutôt qu'enferme. Il n'y a jamais aucune obligation dans le bouddhisme. On vous enseigne quelque chose, vous choisissez de l'expérimenter, de l'éprouver, et si cela vous convient, vous l'adoptez. C'est un peu comme, si vous observez cette coutume, au nouvel An, quand vous prenez des résolutions (ou à votre anniversaire, ou à un moment important de votre vie) et que vous décidez de vous y tenir car vous sentez que cette manière d'agir fait à présent partie de votre vie, de la conduite de vie que vous choisissez de suivre.

On peut être une personne à l'esprit pur, porter en soi un amour universel tout en buvant parfois du champagne ou un verre de vin. Je pense que ces voeux visent à acquérir une discipline personnelle et à protéger le pratiquant de certains attachements qui pourraient survenir (l'alcoolisme, donc, ou la drogue)

Ne pas tuer était simple pour moi et ne m'a demandé aucun effort car c'est une préoccupation naturelle qui a grandi en moi.

Ne pas voler fut plus compliqué car je téléchargeais souvent des films ou des logiciels, et ne plus le faire m'a obligé à débourser, ce qui a eu pour impact de me sentir plus honnête et de diminuer ma préoccupation de l'argent. J'ai aussi davantage donné à ce niveau.

Ne pas mentir fut extrêmement difficile dans le milieu professionnel et je dois avouer que j'ai rompu mes voeux à plusieurs reprises car je sentais le jugement dans la voix de mes supérieurs ou collègues et j'ai alors menti pour faire illusion. Je ne me suis jamais senti bien suite à ces mensonges. En fait, ils ont augmenté le rejet de ma personne. C'est alors que j'ai compris qu'il vaut mieux essuyer des moqueries ou des jugements plutôt que de mentir pour se protéger, car les dégâts du mensonge laissent leur empreinte en nous.

Je buvais très rarement de l'alcool (moins de 10 verres par an), donc ce fut juste un petit ajustement, même si, je l'avoue, j'ai du mal à comprendre pourquoi ce voeu est important pour les laïcs. Comme je le disais plus haut, sûrement pour protéger d'une dépendance possible.

Le dernier voeu ne m'a posé aucun problème car j'ai développé très jeune un respect naturel pour autrui, et mon souci, je crois, est peut-être de prendre trop de gants avec la gente féminine.

A présent, j'aimerais revenir sur ces voeux et l'image que l'on peut en avoir. Ce qui est étonnant, c'est que lorsqu'on fait des choix personnels, les gens autour de nous comprennent que l'on désire agir ainsi, mais lorsque l'on adhère à la pratique d'une religion, les gens pensent davantage que nous nous enfermons dans quelque chose. C'est étonnant, n'est-ce pas? Et en fait, je ne peux pas leur en vouloir: de l'extérieur, c'est exactement ce dont ça a l'air.

Mais si l'on réfléchit bien, si l'on ne prend pas, par rapport à soi-même, l'engagement de se libérer des causes de souffrance afin de connaître un bonheur durable, je ne vois pas comment l'on peut être heureux. Car l'on est alors comme un marin qui laisse sa barque dériver, sans aucun contrôle sur celle-ci, parce qu'il aura choisi de ne pas s'engager à se rendre à bon port, pensant qu'au final, le chemin suivi se fera naturellement.

Ca ne peut fonctionner ainsi, peu importe que l'on adhère au bouddhisme ou à une philosophie de vie tout en étant athée. Sans discipline de l'esprit, sans engagement de notre part, rien n'est possible.

C'est finalement la même chose que les 10 commandements, mais j'aimerais jeter un pavé dans la mare en retranscrivant ici un passage de "Conversations avec Dieu" sur les 10 commandements.

Quelle est la voie véritable qui mène à Dieu? Est-ce la renonciation, comme le croient certains yogis? Qu'en est-il de la souffrance? La souffrance et le service sont-ils la voie qui mène à Dieu, comme le disent de nombreux ascètes? Devons-nous mériter notre passage au paradis en «étant sages», comme l'enseignent bien des religions? Ou sommes-nous libres d'agir comme nous le voulons, de violer ou d'ignorer toute règle, de laisser de côté tous les enseignements traditionnels, de plonger dans la gratification et ainsi de trouver le Nirvâna, comme le disent bien des nouvel-âgistes? Quelle est la voie véritable? Les valeurs traditionnelles ou l'improvisation? Quelle est la voie? Les Dix Commandements, ou les Sept Étapes de l'Illumination?

   Il faut vraiment que ce soit l'un ou l'autre, n'est-ce pas... Est-ce que ça ne pourrait pas être tout cela à la fois?

Je ne sais pas. Je Te le demande.

   Je vais te répondre au meilleur de ta compréhension, mais Je te dis tout de suite que la réponse se trouve en toi. Je dis cela à tous les gens qui entendent Mes paroles et qui cherchent Ma Vérité.
   Tout coeur qui demande sincèrement «Quelle est la voie qui mène à Dieu?» reçoit une réponse. Il reçoit une Vérité qui vient du coeur. Viens vers Moi par la voie de ton coeur et non par celle de ta tête. Tu ne Me trouveras jamais au niveau de ta tête.
   Pour vraiment trouver Dieu, tu dois perdre la tête!
   Cependant, ta question exige une réponse, et Je ne Me détournerai pas de l'élan de ton interrogation. Je vais commencer par une affirmation qui te renversera et scandalisera peut-être bien des gens. Les Dix Commandements n'existent pas.

Oh, mon Dieu, il n'y en a pas?

   Non, il n'y en a pas. À qui commanderais-Je? À Moi-même? Et pourquoi de tels commandements seraient-ils nécessaires? Tout ce que Je veux existe. N'est-ce pas? Alors, pourquoi aurais-Je à commander à qui que ce soit?
   Et si Je promulguais des commandements, ne seraient-ils pas automatiquement respectés? Comment pourrais-Je souhaiter une chose au point de la commander, pour ensuite me reposer et la voir ne pas se produire?
   Quel roi ferait cela? Quel monarque? Et Je te dis ceci : Je ne suis ni roi ni monarque. Je suis tout simplement le Créateur. Cependant, le Créateur ne règne pas mais crée – crée et continue de créer.
   Je t'ai créé (béni) à Mon image et à Ma ressemblance. Je t'ai fait certaines promesses et J'ai pris certains engagements envers toi. Je t'ai dit, en langage simple, ce qu'il t'arrivera quand tu ne feras plus qu'un avec Moi.
   Tu es, comme l'était Moïse, une âme engagée dans une quête sérieuse. Moïse aussi, comme tu le sais, est resté devant Moi, Me suppliant de lui répondre. «Oh, Dieu de mes Pères, s'est-il écrié. Dieu de mon Dieu, daigne me montrer. Donne-moi un signe, que je puisse le dire à mon peuple! Comment puis-je savoir que nous sommes le peuple élu?»
   Et Je suis venu à Moïse, tout comme Je suis venu à toi maintenant, avec une alliance divine, une promesse éternelle, un engagement sûr et certain. «Comment puis-je en être sûr?» a demandé Moïse d'une voix plaintive. «Parce que Je te l'ai dit, ai-Je répondu. Tu as la Parole de Dieu.»

   Et la Parole de Dieu n'était pas un commandement, mais une alliance. Voici donc...

LES DIX ENGAGEMENTS

   Tu sauras que tu as pris la voie qui mène à Dieu, et tu sauras que tu as trouvé Dieu grâce à ces signes, indications et changements qui se produiront en toi :
   1. Tu aimeras Dieu de tout ton coeur, de tout ton esprit, de toute ton âme. Et il n'y aura pas d'autre Dieu avant Moi. Tu ne vénéreras plus l'amour humain, le succès, l'argent, le pouvoir, ni aucun de leurs symboles. Tu délaisseras ces choses comme un enfant délaisse ses jouets, non pas parce qu'elles sont sans valeur, mais parce que tu les auras dépassées.
   Et tu sauras que tu as pris la voie qui mène à Dieu parce que :
   2. Tu n'utiliseras pas le nom de Dieu en vain. Tu ne feras pas appel à moi pour des choses frivoles. Tu comprendras le pouvoir des mots et des pensées, et tu ne songeras même pas à invoquer le nom de Dieu d'une manière qui n'est pas divine. Tu n'utiliseras pas Mon Nom en vain parce que tu ne peux pas, car Mon Nom (le Grand «Je Suis») n'est jamais utilisé en vain (c'est-à-dire sans résultat) et ne pourra jamais l'être. Et quand tu auras trouvé Dieu, tu le sauras.
   Et Je te donnerai ces autres signes aussi :
   3. Tu te rappelleras de Me réserver une journée que tu appelleras sainte. Cela, afin que tu ne restes pas longtemps dans ton illusion, mais que tu te rappelles Qui et Ce Que Tu Es. Dès lors, tu appelleras bientôt chaque jour le Sabbat et, pour toi, chaque instant sera saint.
   4. Tu honoreras ta mère et ton père — et tu sauras que tu es le Fils de Dieu quand tu honoreras ton Dieu Père/Mère dans tout ce que tu dis, fais ou penses. Et de même que tu honores Dieu Père/Mère, et tes père et mère sur la Terre (car ils t'ont donné la vie), ainsi, aussi, tu honoreras tout le monde.
   Tu sauras que tu as trouvé Dieu quand tu verras que tu ne tues pas (c'est-à-dire : tuer volontairement, sans raison). Car lorsque tu comprendras que tu ne peux en aucun cas mettre fin à la vie d'un autre (toute vie est éternelle), tu ne choisiras de mettre fin à aucune incarnation particulière, ni à faire passer de l'énergie vitale d'une forme à une autre sans la justification la plus sacrée. Ta nouvelle vénération envers la vie t'amènera à respecter toutes les formes de vie (y compris les plantes, les arbres et les animaux) et de n'avoir d'impact sur elles que lorsque c'est pour le plus grand bien.
   Et ces autres signes Je t'enverrai aussi, afin que tu saches que tu es sur la voie :
   6. Tu ne saliras pas la pureté de l'amour par la malhonnêteté ou la tromperie, car c'est de l'adultère. Je te promets que lorsque tu auras trouvé Dieu, tu ne commettras pas l'adultère.
   7. Tu ne prendras pas une chose qui n'est pas la tienne et tu ne tricheras pas, ne seras pas complice, ni ne feras de tort à un autre pour avoir quoi que ce soit, car ce serait voler. Je te promets alors que lorsque tu auras trouvé Dieu, tu ne voleras pas.
   Et non plus...
   8. Tu ne diras rien qui ne soit vrai, car ce serait un faux témoignage.
   Et non plus...
   9. Tu ne convoiteras pas la conjointe de ton voisin. 
   10. Tu ne convoiteras pas les biens de ton voisin, car pourquoi voudrais-tu les biens de ton voisin alors que tu sais que tous les biens peuvent être à toi et que tous tes biens appartiennent au monde?
   Tu sauras que tu as trouvé la voie qui mène à Dieu lorsque tu verras ces signes. Car Je te promets qu'aucune personne qui cherche vraiment Dieu ne fera plus ces choses. II serait impossible de poursuivre de tels comportements.
   Ce sont tes libertés et non tes restrictions. Ce sont mes engagements et non mes commandements, car Dieu ne donne pas d'ordres à ceux qu'Il a créés – Dieu se contente de dire à ses enfants : voici comment vous saurez que vous êtes sur le chemin du retour.
   Moïse m'a demandé sincèrement : «Comment puis-je savoir? Donne-moi un signe.» Moïse m'a posé la même question que toi. La même question, tous les peuples, partout, l'ont posée depuis le commencement des temps. Ma réponse aussi est éternelle. Mais elle n'a jamais été, et ne sera jamais, un commandement. Car qui commanderais-Je? Et qui punirais-Je si Mes commandements n'étaient pas suivis?
   Il n'y a que Moi.

Alors, je n'ai pas à suivre les Dix Commandements afin d'aller au ciel.

 Tu ne peux «aller au ciel». Tu ne peux que savoir que tu t'y trouves déjà. Il s'agit d'accepter, de comprendre et non de travailler fort ou de lutter.
   Tu ne peux aller là où tu te trouves déjà. Pour ce faire, il te faudrait t'éloigner de l'endroit où tu te trouves, et cela irait tout à fait à l'encontre du but du voyage.
   L'ironie, c'est que la plupart des gens croient qu'ils doivent s'éloigner de l'endroit où ils se trouvent pour arriver à leur destination. Alors, ils quittent le ciel afin d'arriver au ciel, en passant par l'enfer.
   L'illumination, c'est de comprendre qu'il n'y a nulle part où aller, rien à faire et personne à être, sinon précisément celui que tu es maintenant.
   Tu es en route vers nulle part.
   Le ciel (comme tu l'appelles) n'est nulle part. Mettons seulement un espace entre le w et le h dans le mot anglais nowhere et tu verras que le ciel est now... here : ici, maintenant.

Il n'y a pas d'obligations. Il n'y en a jamais eu. Mais il y a de multiples voies pour se réaliser et je crois sincèrement quand tant qu'une voie n'est pas vécue comme une contrainte mais que l'on se sent alors libre comme un oiseau qui sort de sa cage, libéré du carcan de la société qui nous impose ses règles, et qu'elle correspond à nos aspirations profondes, alors il faut simplement la suivre... mais pas forcément en parler 😀