L’amour et la sexualité dans le bouddhisme

En amour, il existe différents types de recherche qui sont toutes des illusions: la fusion et l'idylle, la passion sexuelle, la sécurité garantie à vie, un remède à la solitude

Les moments de fusion peuvent exister, mais ils doivent être transitoires et pas un mode de fonctionnement du couple.
La passion sexuelle est considérée comme dangereuse, car mène à un attachement excessif. Ce type de relation est basée sur les pulsions qui s'amenuisent avec le temps.
Penser qu'une relation amoureuse peut être immuable, c'est avoir une "vue erronée" et ignorer que l'impermanence est la base de l'existence. Les relations à long terme méritent que nous y mettions toute notre énergie, car elles présentent de remarquables occasions de croissance et d'enrichissement mutuels, mais toutes sont destinées à se transformer, car tout change continuellement. En ne tenant jamais rien pour acquis et en nous rappelant que personne ne peut se dire complètement à l'abri d'une rupture ou d'un abandon, nous serons plus réceptif à notre partenaire, plus attentif à ce qui se passe en nous, et plus à même d'apprécier, jour après jour, la valeur de notre relation.

Et concernant le dernier type de recherche, croire que le seul fait d'être en couple va résoudre notre sentiment de solitude nous place dans une situation où nous ne sommes pas capable d'exercer notre discernement et de trouver la personne adaptée

Idéalement, l'amour n'attend rien en retour et ne dépend pas des événements extérieurs.

Le bouddhisme nous dit qu'aimer, c'est vouloir le bien de l'autre: tout le reste est attachement. Il faut davantage s'attacher à aimer l'autre plutôt que chercher à tout prix à se faire aimer de lui en cherchant son approbation, en étant possessif, jaloux. Il compare l'amour à celui d'une maman pour son enfant: elle l'aime peu importe ses actes, veut son bonheur, et ne se demande pas (ni ne lui demande) s'il l'aime.

Se rencontrer ne suffit pas, il faut apprendre à se connaître. Pour Bouddha, chaque rencontre est le fruit des karmas des deux personnes concernées: elle est donc nécessaire autant qu'inévitable. Nécessaire car elle arrive à point nommé pour nous enseigner quelque chose et nous faire progresser. Inévitable comme l'est toute relation de cause à effet.

Pas simple de voir juste quand on tombe amoureux. le bouddhisme ne nous dit pas d'occulter nos émotions mais de les observer, comme s'il s'agissait de nuages traversant le ciel bleu de notre esprit, ou du tonnerre qui éclate au dessus de nos têtes, s'éloigne puis disparaît au loin. Il faut donc "accueillir la perturbation" que l'autre suscite en nous tout en restant maîtres de nous-mêmes et capables de discernement.

La méthode des piqures homéopathiques: pour éviter d'idéaliser l'autre, une bonne pratique est de d'observer avec lucidité les petits détails qui nous agacent ou les comportements que nous peinons à comprendre. Une attention accrue aux défauts de l'être aimé nous aidera à le voir comme un être humain et non comme le concentré de perfection que l'on peut se complaire à imaginer. Le dalaï-lama conseille de se demander si nous aimerions encore l'être aimé s'il nous trompait, faisait quelque chose de fortement répréhensible, perdait un bras ou une jambe dans un accident. Cet exercice n'est pas très plaisant mais permet d'avoir une idée plus claire de la qualité de nos sentiments et des places respectives qu'y tiennent l'ego et l'amour-compassion.

Bien se connaître demande du temps. Le bouddhisme préconise de prendre son temps pour faire l'amour, passer certaines étapes dans l'histoire du couple, car généralement, en précipitant les choses, nous exprimons notre besoin de sécurité affective, notre peur de ne pas plaire et d'être abandonné. Passion sexuelle et intimité sont alors confondues, et ce trop rapidement.

Etre en couple ne doit pas nous isoler des autres mais au contraire développer notre capacité à aimer tous les autres.

La liberté sexuelle est-elle compatible avec le bouddhisme? Pour Bouddha, le désir n'est pas mauvais en soi, à condition de ne pas en devenir esclave. Le désir sexuel sans frein résulte en une soif inextinguible. le désir est par définition un état de manque. Une relation sexuelle épanouie est parfaite, mais si elle est exagérée, elle peut conduire à négliger les autres aspects de la relation et à sous estimer certaines failles ou carences qui se révèleront un jour. L'antidote recommandée par le bouddhisme, lorsque la passion sexuelle s'amenuise avec le temps (et généralement plus rapidement chez l'une des deux personnes), est de se contenter de ce qu'on a.

Le bouddhisme définit un certain nombre d'actes nuisibles, dont certains sont nuancés. Tout ce qui est du domaine de l'échangisme est considéré comme très négatif. La chasteté n'est pas demandée (ni même recommandée) avant le mariage. L'adultère est considéré comme un acte nuisible. L'homosexualité n'est pas un problème si les deux personnes sont consentantes.

Et les rapports oraux et anaux sont considérés comme négatifs s'ils entrainent un sentiment de culpabilité chez l'un ou l'autre des partenaires. Si ce n'est pas le cas, libre à chacun de faire ce qu'il veut.

La chasteté est demandée aux ordonnées, mais ne représente pas en soi une voie d'accès à l'éveil. Elle leur est demandée dans le but de favoriser la concentration de leur esprit dans des buts spirituels.

Et pour finir, le bouddhisme considère qu'une relation ne peut être saine et vivante que dans le cadre d'une polarité de hauts et de bas, flux et reflux, satisfaction et insatisfaction.