La souffrance liée à la préoccupation de soi

Récemment, j'ai beaucoup souffert. Ce que je vais dire va sûrement vous paraître exagéré, mais c'est ainsi que j'ai vécu la chose. En regardant le drama "One liter of tears", sur lequel j'ai écrit un article, j'ai souffert pendant son visionnage et les jours qui ont suivi. Je n'ai pas cessé de penser à Aya, à sa souffrance, à celle de son entourage, au désir que j'avais à ce qu'elle ne souffre pas autant et continue d'être parmi nous.

Et il n'y a que depuis aujourd'hui que ça commence à aller mieux, une semaine après l'avoir terminé. J'ai dû regarder en moi pour comprendre pourquoi je me sentais si bouleversé en regardant ce drama. Si c'était "normal", si je devais chercher à "atténuer" l'attristement, à me raisonner. J'ai pu en parler à un moine. Ce qu'il m'a dit m'a énormément éclairé. Et cela est entré en résonance avec ce que j'avais entendu des enseignements d'Abraham (Esther et Jerry Hicks), et de "Conversations Avec Dieu" (Neale Donald Walsch). Et tout s'est mis en place d'un coup. J'étais prêt.

Ce moine, que je remercie profondément, m'a dit que ce que je ressentais était de la compassion impure car mêlée à la préoccupation de soi. Que la compassion pure désirait que la souffrance d'autrui cesse mais qu'elle ne provoquait aucune souffrance en nous.

Dans l'ouvrage "Comment transformer votre vie", il est écrit: "La compassion pure est un état d'esprit qui trouve la souffrance des autres insupportable, mais elle ne nous déprime pas. En fait, la compassion pure nous donne cette énergie formidable grâce à laquelle nous agissons pour les autres et menons à terme la voie spirituelle pour leur bien. Grâce à elle, notre complaisance vole en éclat et il nous est impossible de nous contenter du bonheur superficiel procuré par l'assouvissement des désirs de ce monde."

La préoccupation de soi est quelque chose de très fort dans notre vie: préoccupation matérielle, sentimentale, physique, financière, professionnelle et même préoccupation de ce que les autres pensent de nous. La première réaction, lorsque l'on dit que la préoccupation de soi est souffrance, c'est que l'on pourrait se dire: "mais alors je ne dois plus me préoccuper de rien? De ma santé, de mon bien-être, de mes finances, de ma carrière, du fait d'être apprécié, aimé?"

Oui... et non. Tout ce que je vais vous dire ici découle de ma compréhension personnelle du bouddhisme et autres courants spirituels. Vous êtes bien entendu libres d'être en désaccord avec moi 😉

Nous sommes de passage sur Terre. Et après cette vie, il y en aura une autre. Et encore une autre. Jusqu'à ce que nous atteignions un point où revenir "ici bas" ne sera soit plus nécessaire car nous voudrons nous élever à aider les humains en étant "de l'autre côté", soit un choix délibéré pour guider les autres tout en étant éveillé. C'est, à mon sens, ce qu'ont tenté de faire Jésus, Bouddha, Ghandi et tant d'autres. Pour moi, ils étaient des êtres éveillés.

On ne peut passer à côté de sa vie, du but que l'on s'était fixé avant de naître. D'après Conversations Avec Dieu (CAD), nous sommes des êtres humains, pas des faire humains, et le plus important (et ce qui le sera à la fin de notre vie physique), sera d'avoir été: généreux, empathique, joyeux, déterminé, compatissant, aimant, etc. Pas ce que nous aurons fait (même si l'action découle de l'être. Si, par exemple, nous avons travaillé dur pour offrir à nos enfants une belle vie, ce qu'il faudra retenir ne sera pas l'acte en lui même mais tout ce qui a été derrière: l'amour porté à nos enfants, la détermination de leur offrir une belle vie, le courage dont nous avons fait montre)

Par conséquent, toujours d'après CAD, nous nous fixons des buts "d'être" avant de nous incarner et nous choisissons nos obstacles et opportunités principaux afin de les réaliser. Et le jour où nous quittons cette vie physique, c'est que nous sommes allés au terme de ce que nous désirions être dans cette vie. Même si cela signifiait mourir à 25 ans d'une maladie qui détruit petit à petit notre corps et qui nous a poussé à nous dépasser et chercher une raison de vivre en aidant les autres. D'après CAD, on ne peut passer à côté du but fixé. Peu importe les ressources financières, la santé, l'amour que l'on nous porte, l'opinion d'autrui, notre carrière. Peu importe le chemin que l'on choisit de prendre, on ne peut manquer notre but.

Si l'on en tient à cela, on comprend que la préoccupation de soi est donc inutile. Nous ne pouvons échouer. D'après CAD, il n'y a pas de contradiction dans l'univers. Rien ne nous arrive contre notre propre volonté car nous attirons à nous tout ce qui survient dans notre vie.

J'en arrive donc à la loi de l'attraction, à la foi. D'après CAD, d'après la loi de l'attraction d'Abraham, tout est possible. Si l'on a foi en l'univers, si l'on se réjouit à l'avance d'une chose qui va survenir et qu'aucune pensée parasite telle que la peur ne survient, ce à quoi l'on aspire sera accompli. Les conditions se mettront en place pour que nous avancions. Inutile de nous inquiéter, si l'on a besoin de suffisamment de santé pour nous accomplir (même si cela signifie rester en vie jusqu'à 8 ans ou 100 ans), nous l'aurons. Si l'on a besoin d'argent, de la carrière adéquate pour nous réaliser en tant qu'être, cela se fera. Pas forcément de la façon dont nous désirions dans nos fantasmes, mais cela se fera selon notre foi, nos pensées et sentiments. Nous ne pouvons passer à côté du but. Par conséquent, se préoccuper de soi revient à manquer de foi en l'univers/Dieu et ne pas comprendre que le but ultime ne peut être manqué.

Le bouddhisme nous dit que nous ne devrions pas nous soucier de notre vie actuelle mais de nos innombrables vies futures. En effet, il affirme que tout ce que nous faisons dans cette vie, toutes les graines que nous plantons auront un effet dans notre futur proche et surtout dans nos vies futures. Et que nous devrions nous concentrer sur tout le positif que nous pouvons faire dans cette vie sans nous préoccuper de ne pas avoir tout ce dont nous pensons avoir besoin pour être heureux (car, dans le bouddhisme, au final, le bonheur ne dépend pas des conditions extérieures), car cela nous permettra dans des vies futures d'avoir de meilleures conditions pour nous réaliser et aider les autres. Ainsi, plus nous ferons des choses positives pour les autres, plus nous pourrons en faire et plus nos conditions extérieures s'amélioreront.

Voyez-vous le pattern? Le bouddhisme nous dit que c'est en se préoccupant des autres et de leur bien être que le nôtre s'améliorera dans nos vies futures, et qu'en nous préoccupant des autres, en les chérissant, on deviendra de plus en plus heureux. Alors qu'en se préoccupant de plus en plus de soi, on deviendra inquiet, stressé, peut-être même obsédé à l'idée de ne pas avoir certaines choses que l'on est certain d'avoir besoin pour être heureux.

Je vais plus loin. D'après CAD, se préoccuper du Soi est extrêmement important. Et se préoccuper des autres est extrêmement important. Dès lors que l'on comprend qu'il n'y a personne d'autre et que le Soi nous englobe tous. Et donc que se préoccuper des autres autant que possible pour les rendre heureux et faire en sorte que leurs conditions extérieures s'améliorent... revient à dire que nous serons plus heureux et que nos conditions extérieures s'amélioreront car tout ce que l'on fait aux autres nous reviendra sous une forme ou sous une autre. Et donc qu'il est important de se préoccuper du Soi dans le sens prendre soin "des autres" tout en comprenant qu'il n'y a personne d'autre dans la pièce sauf en illusion.

Quand CAD dit qu'il faut se préoccuper du Soi, en faisant volontairement croire qu'il parle de notre propre personne, il veut dire qu'il faut s'interroger autant que possible sur ce que l'on désire en son fort intérieur... car en plongeant en nous, en méditant, nous nous connectons avec la part divine qui est en chacun de nous et nous pouvons alors faire des choix éclairés afin de nous réaliser: comment se sent-on dans telle situation? Quelle décision semble être la meilleure si l'on écoute son coeur? Vers quoi souhaitons-nous nous diriger?

Je pense que c'est ce que Matthieu Ricard veut dire quand il dit: "ayez des aspirations mais pas de désirs". L'aspiration d'éprouver de la compassion, de faire le bien, d'être heureux, d'aider les autres à le devenir.

Quand ce moine m'a dit cela, j'ai compris que je transposais la situation d'Aya à la mienne. J'imaginais à quel point je serais en souffrance si cela m'arrivait ou arrivait à mes enfants. J'ai vécu sa situation de l'intérieur comme si j'avais sa maladie, ou qu'un de mes enfants était malade. Sa souffrance a fait écho à la mienne parce que je me préoccupe de ce qu'il pourrait "m'arriver" par manque de confiance/foi en l'Univers/Dieu et en la loi d'attraction.

Que son impossibilité d'agir librement par son corps me renvoyait à ma propre préoccupation de ne plus pouvoir un jour utiliser mon corps, de vieillir. D'où le fait que ma compassion était "impure" car finalement centrée sur moi-même plutôt que centrée sur le désir véritable que sa famille soit heureuse aujourd'hui malgré ce qui s'est passé.

Et surtout, j'ai compris que j'avais oublié que personne ne meurt par accident ou hasard (d'après CAD, et je ressens en mon for intérieur que c'est vrai). Qu'un handicap a toujours une origine et ne "survient" pas sans raison. Qu'il a été choisi, même si ça peut être très dur à accepter. Parce que nous nous préoccupons de nous-mêmes.

J'ai fait ce gros travail sur moi et suis en train d'en finir avec ce deuil. Je me suis surpris à parler paisiblement à Aya en sachant qu'elle m'entend. En la remerciant pour tout ce qu'elle a fait pour ce monde et en lui souhaitant d'être en paix dans sa prochaine vie physique. Peut-être est-elle déjà revenue, d'ailleurs!

J'ai bien conscience que tout ce que je dis ici est complètement basé sur des croyances spirituelles personnelles. Mais je les vis de l'intérieur et elles résonnent comme vraies pour moi. Depuis deux jours, je me surprends à me redresser et à offrir plus de gentillesse aux gens, à aller davantage vers eux.

Merci Aya.

D'autres informations purement bouddhistes sur la préoccupation de soi: https://bodhisattva4you.com/2015/06/08/reflexion-sur-la-preoccupation-de-soi/ 
Je vous le conseille vraiment car il explique que, pensant que notre bonheur est plus important que celui de notre voisin, désirant souvent être reconnus comme parmi les meilleurs dans notre activité, nous nous éloignons des autres et augmentons notre préoccupation de soi.

Une dernière parenthèse: apprendre à ne plus mentir, pour les bouddhistes, aide à diminuer la préoccupation de soi (l'image que l'on essaie de préserver, nos finances, etc.).

Avec ce qui précède, nous pouvons contempler les zones sombres de notre esprit de préoccupation de soi en méditant encore et encore sur cette affirmation : “Le bonheur des "autres" a autant d’importance que mon "propre" bonheur”.