La compassion

Depuis quelques temps, je travaille énormément sur la notion de compassion qui est plutôt absente, je trouve, de notre vie (et, ce qui est très bien, un certain nombre de personnes bienveillantes que j'apprécie - oncle, amis, sophrologue - me remettent en question par rapport à ça, et je les remercie sincèrement pour cela, car je mélange leurs pensées à ma réflexion, et les éprouvent un bon moment avant de les intégrer ou non à ma façon de voir les choses, exactement comme les enseignements bouddhistes que l'on me prodigue et que je ne prends pas pour argent comptant parce qu'ils viennent des moines)

En latin, la compassion signifie souffrir avec. J'ignore pour vous, mais je ne pense pas qu'il faille prendre en charge la souffrance des gens sur nos épaules et souffrir en même temps qu'eux. Je pense aussi qu'elles seules peuvent faire en sorte d'aller mieux en changeant leur vision des choses (et, si nécessaire, bien évidemment, en changeant des conditions extérieures).

Ma réflexion du soir est: pourquoi avoir de la compassion, finalement? Pourquoi juste ne pas essayer d'aimer la personne sans ressentir du tout de compassion? (et, réflexion en passant, peut-on s'aimer totalement sans compassion pour soi-même, ce qui n'a rien à voir avec de l'auto-apitoiement ?)

Je compare cela à l'amour que l'on a pour ses proches. Quand quelqu'un de ma famille ne va pas bien, encore plus quand il s'agit de mes enfants, je ressens de l'amour, bien sûr, mais je suis également plus dans la compassion qu'à l'accoutumée, c'est à dire que je souhaite sincèrement qu'ils aillent rapidement mieux, s'apaisent, soient heureux, libérés de leur inquiétude/mal-être.

Ensuite, quand mes amis ne vont pas bien, je ressens de l'amour pour eux, mais je désire également qu'ils aillent mieux, que leur esprit s'apaise et redevienne joyeux.

Et avec le temps (et beaucoup beaucoup beaucoup de pratique), cela est censé s'étendre à toute personne que l'on rencontre (mais ça, c'est typiquement bouddhiste).

Car je considère (avis complètement personnel) que si l'on prend en compte sa propre souffrance et que l'on comprend l'importance de s'en libérer, en aimant nos proches, puis les personnes moins proches jusqu'aux inconnus, profondément, exactement comme nous le désirons pour nous-mêmes, nous désirerons qu'ils soient libérés de toute souffrance.

On peut se demander ce qu'on place derrière le mot souffrance. Les bouddhistes parlent plutôt de "non bonheur". En voici des exemples de la vie de tous les jours :
- si nous-mêmes, notre famille ou nos amis sont maltraités ou accusés
- lorsque nos relations sont difficiles
- lorsque nous avons des problèmes d'argent, de santé
- lorsque nous perdons ce qui nous est cher
- lorsque nous nous sentons seuls ou trouvons rarement le temps d'être seuls
- lorsque nous ne trouvons pas de travail ou avons trop de travail
- lorsque nos rêves et nos désirs ne se réalisent pas, ou qu'une fois réalisés, ils nous laissent avec un sentiment de vide et d'insatisfaction
- lorsque nous échouons ou lorsque notre succès nous apporte plus de stress que nous ne pouvons le supporter
- lorsque les personnes que nous n'aimons pas réussissent ou obtiennent ce que nous désirions
- lorsque quelqu'un nous contredit
- lorsque nous sommes en retard, stressés, fatigués...
- lorsque nous avons l'impression de ne pas être estimés à notre juste valeur
- lorsque nous rendons service et n'avons aucun retour
- lorsque nous sommes jugés
- lorsque nous éprouvons un sentiment positif à l'égard d'une personne et qu'elle nous renvoie tout le contraire
- etc.

Le bouddhisme m'a appris à considérer chaque être humain comme un autre moi-même, qui souffre, à des degrés différents, des mêmes maux, et qui souhaite également être heureux et ne plus ressentir de souffrance.

D'où l'importance, à mes yeux, d'aimer avec compassion toute être vivant comme soi-même, afin de lui porter un amour sincère en désirant pour lui la vie la plus paisible possible, la plus joyeuse et légère.

Car, si nous aimons les gens... ne désirons-nous pas le meilleur pour eux, même si nous ne le "connaissons" pas dans notre vie dans l'immédiat?