Mes échecs passés … et ce qu’ils m’ont apportés

Ici, je tiens à parler de mes "échecs" et de ce qu'ils m'ont apportés dans la vie.

 

LES FAITS

Lorsque j'ai raté le concours vétérinaire, en juin 2000, c'est un peu comme si ma vie s'était arrêtée. Depuis l'âge de huit ans, j'avais projeté de devenir vétérinaire, mais sans véritablement y croire, je l'avoue, car j'ai éprouvé de sérieuses difficultés en 1ère S et j'ai eu une moyenne qui n'était pas extraordinaire, à mes yeux, en terminale (12). Mais j'ai voulu tenter le coup, même sans y croire. Je n'ai pas réussi et ce fut pour moi un échec difficile à assumer. Je me suis dit que je recommencerai l'année suivante, mais l'année de licence de biologie fut chargée et je ne trouvais pas le temps de réviser pour le concours.

Cependant, en juillet-août 2000, kiki, le chat que nous avions depuis 17 ans, est décédé et cela m'a fait prendre conscience d'un fait très simple mais pourtant très réel: un vétérinaire, contrairement à un médecin généraliste, est aussi là pour aider l'animal souffrant à partir. Je me suis rendu compte que ma sensibilité ne me permettrait pas de commettre de tel geste et de faire face à la souffrance de ses maîtres.

Lorsque j'ai commencé l'année de licence, l'envie, par orgueil, de ne pas rester sur un échec, m'a poussé à tenter de repasser ce concours, mais je pense que c'était finalement une bonne chose que cette année soit si chargée que je n'ai pu ne serait-ce que commencer les révisions. Avec le recul, je sais aujourd'hui que je n'aurais pas été heureux en tant que vétérinaire.

Lorsque, après ma seconde année d'enseignement, j'ai dû être arrêté plusieurs mois parce que les élèves, il faut clairement le dire, avaient eu ma peau, ce fut également un second échec dans ma vie, un échec que j'ai très mal digéré.

Mais cet échec a été salutaire. Car ces huit mois d'arrêt m'ont forcé à me remettre en question. Des centaines de pages informatiques ont été tapées à cette époque, et un certain nombre de livres sur le développement personnel sont passés entre mes mains, sur l'anxiété, la confiance en soi...

Avant cet arrêt, sans pouvoir m'en empêcher, tel Lorenzaccio, je portais un masque. Si j'étais triste, en compagnie des gens, j'étais exuberrant, excité, extraverti. Je parlais ENORMEMENT aussi. Et lorsque je me retrouvais seul dans une pièce, toute la tristesse que je m'étais efforcée de ne pas exprimer me retombait dessus comme un voile noir. Le monde qui m'entourait devenait alors noir, le soleil perdait de sa couleur, et plus rien n'avait de valeur. Puis, je sortais, je rencontrais des gens, et le masque se repositionnait sans même que je fasse le moindre effort. Le souci, c'est que ce masque me collait à la peau et que, même en essayant, je ne pouvais plus l'enlever.

Etre obligé de m'arrêter plusieurs mois pour faire le point sur ma vie m'a libéré de ce masque. Suite à cet arrêt, je ne me suis plus jamais senti une autre personne.

Ensuite, j'ai enchaîné les années d'enseignement, certaines se passant plutôt pas mal et m'apportant du plaisir et de la gratification, d'autres se passant mal, je dois l'avouer. Je pense que je n'étais peut-être pas fait pour être enseignant en zones sensibles, même si l'idée de transmettre des connaissances et de les faire construire par de jeunes personnes me plaisait énormément.

En année de licence, j'ai connu une jeune femme de 3 ans mon aînée, mais ce n'était pas quelqu'un pour moi. J'ai découvert qu'elle me mentait et ne me prêtait pas vraiment attention. Mais ce fut une première expérience. Cependant, le fait qu'elle me quitte m'a laissé sur le carreau à l'époque, je l'avoue!

En 2006, j'ai eu l'impression d'un nuage noir au dessus de ma tête depuis des années. Au final, je n'avais jamais vraiment eu de chance dans ma vie. Je ne m'aimais pas physiquement, je n'avais pas confiance en moi, ma carrière était un fiasco alors que j'aimais tant enseigner, ma vie sentimentale était un désert depuis 5 années. Depuis des années, je me sentais en mode automate. Et au final, j'en suis arrivé à la conclusion que rien de bien ne pourrait jamais m'arriver. Même Dieu semblait m'avoir abandonné, à tel point que je me demandais encore s'il existait. Je me sentais malheureux en permanence. C'est vrai, si je faisais le bilan de ma vie, on ne pouvait pas en retirer grand chose de positif: une carrière dans laquelle je ne parvenais à réussir (sauf en maternelle), aucune vie sentimentale depuis des années, quelques amis que je voyais peu car ils avaient une vie. Bref, j'avais vraiment la sensation d'être complètement passé à côté de ma vie.

Puis, j'ai commencé ma reconversion au CNAM en 2007. Et quelques années plus tard, j'ai réussi à décrocher mon bac+2, puis ma licence, à quitter l'Education Nationale, à créer mon entreprise, à me faire embaucher en obtenant un CDI, à progresser dans un domaine où les plus jeunes ont un gros avantage sur ceux qui se reconvertissent comme moi car ils ont commencé au collège la programmation.

Je me suis marié en 2007, ai eu deux magnifiques enfants, ai aimé, profondément, sincèrement, donné de tout mon être, de toute mon âme. Je n'ai pas à m'en vouloir de ce divorce et que ma femme ait voulu partir.

 

CE QUE CELA M'A APPORTE

Comme toute chose, tout ce que j'ai vécu, tout ce que j'ai choisi de vivre m'a apporté quelque chose et permis d'avancer.

  • J'ai découvert que l'on pouvait se sortir d'un cycle qui durait depuis des années et au cours duquel on avait l'impression qu'il n'y aurait pas de sortie (ce fameux masque)
  • J'ai compris que, tant qu'on ne le décide pas, notre vie ne peut prendre son envol. Si l'on ne nourrit qu'un espoir que notre vie prenne un autre tournant, elle risque de stagner très très longtemps.
  • La pensée que la vie que nous vivons dépend de nos attentes et de ce que l'on estime avoir le droit de vivre n'a jamais été plus limpide aujourd'hui.
  • J'ai réalisé que plus je portais des jugements sur ma vie et plus je m'enfonçais. Juger cette non-réussite au concours en la considérant comme un échec, juger ce salaire que je touchais, juger cette solitude affective, juger ces années où je ne m'épanouissais pas en tant qu'enseignant malgré mon amour pour les enfants... Si je n'avais pas porté tous ces jugements négatifs, je n'aurais jamais vécu aussi mal de 2000 à 2006. Je n'aurais jamais été aussi malheureux.
  • Il m'est clairement apparu que l'on peut "se tromper" dans la vie, de conjoint(e), de voie professionnelle, mais que tout cela doit nous montrer ce qui ne nous convient pas pour que l'on puisse choisir consciemment ce qui nous convient. Il n'y a pas à s'en vouloir, à regretter, à penser que nous avons perdu notre temps, à se morfondre.
  • Il est devenu clair pour moi que ce que je pouvais considérer comme négatif dans ma vie a été un élément essentiel pour que je me réalise et devienne celui que je suis aujourd'hui.
  • J'ai saisi que notre corps reflète aussi notre intérieur. Si nous avons la flamme de l'espérance en nous, si nous avons une pensée résolument positive, cela irradie de nous. En revanche, si nous nous rendons malade à cause des circonstances de notre vie, nous paraissons vraiment malades et pouvons même le devenir, nous provoquer des ulcères, tomber en dépression, nous causer des cancers...

 

Il n'y a pas d'erreurs dans la vie. Il n'y a que des choix qui ne nous correspondent pas. Lorsque cela arrive... il faut le reconnaître et faire un nouveau choix.

Nous ne pouvons agir sur le passé, mais nous pouvons agir sur le présent et préparer notre futur.

Mais tout ce que nous avons, présentement, c'est le présent, cet instant. Alors ne le gâchons pas. Ne nous morfondons pas. Si nous sommes plus bas que terre, que tout nous accable (problèmes d'argent, de santé, professionnels, sentimentaux, professionnels...), prenons les problèmes un par un. Et agissons dessus.

Je sais ce que c'est de ne pas savoir si on pourra payer ses factures le mois suivant ou si l'on pourra manger à sa faim (lorsque j'avais mon EURL). Je sais ce que cela fait d'être malade et d'avoir l'impression que c'est une fatalité, qu'on ne guérira jamais, qu'on ne s'en sortira pas. Qu'il n'y a pas d'issue. Qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais.

Je sais ce que c'est que d'avoir réponse à tout en étant fataliste mais en se disant réaliste.

Mais rien ne peut stagner à vie. La roue ne peut rester bloquée. Parfois, nous croyons qu'elle l'est, mais elle tourne. Très lentement, certes, si lentement, qu'on a l'impression qu'elle est à l'arrêt. Mais il n'en est rien.

Aucune situation n'est faite pour perdurer à moins que nous la fassions perdurer (et cela vaut dans les deux sens. Je pense sincèrement que le bonheur au travail, en couple, entre amis et dans sa famille ne se fait que si on y travaille véritablement chaque jour). Les difficultés de notre vie peuvent prendre des décennies à être résolues, mais elles ne résoudront un jour. Notre sentiment de malheur n'a pas à perdurer à vie et il nous appartient d'agir sur lui, de changer notre perspective.

Nos problèmes de santé peuvent ne jamais se guérir (cancer incurable ou maladie orpheline) mais il faut alors se battre pour mener jusqu'au bout nos rêves. Avez-vous vu "Sans plus attendre?" Je vais écrire un article à ce sujet d'ici quelques minutes.

Mes amis, mes très chers amis... aujourd'hui n'attend que vous. Je sais ce que cela fait de se sentir accablé et d'avoir cette certitude qu'il n'y a pas d'issue. Il est impossible qu'il n'y en ait pas. Parfois, cela prend des années pour la trouver, mais il y en a une. Si vous ne l'avez pas, quelqu'un d'autre l'a. Alors ne restez pas seuls face à un problème. Parlez-en. Et sachez qu'une solution, même improbable, existe. Et que vous la trouverez un jour.

Il suffit de savoir qu'elle est là. Et si vous ne la voyez pas... demandez-vous quel conseil vous pourriez donner à quelqu'un qui vivrait exactement cette situation. Vous voyez? Lorsque nous prenons de la distance, nous commençons à apercevoir des solutions.

Un problème n'existe jamais sans sa solution. Parfois, elle peut nous sembler "pas terrible", ou pas ce que nous voudrions, mais patience, il faut avancer pas à pas. Rome ne s'est pas construit en un jour, et le bonheur, l'accomplissement personnel se construit aussi jour après jour.

Aujourd'hui, soyez une lumière pour quelqu'un d'autre...